jeudi 19 août 2010

Demeure (mise en)

La mise en demeure est le moyen épistolaire officiel servant à exprimer l'idée que "ça suffit comme ça". Exemples : "Nous vous mettons en demeure de bien vouloir, s'il vous plaît, régler la somme due avant le 21 octobre 1922." (chance de récupérer ses biftons : 80%) ou bien "Hortense, je vous mets en demeure d'accepter mon invitation à un apéro." (taux de réussite probable : 0,8%). Après envoi certifié par service postal et en cas de non réponse du destinataire, deux possibilités : des poursuites peuvent être engagées ou un haussement d'épaules opéré, selon le désir de l'expéditeur. La mise en demeure, c'est donc plutôt sympa ; c'est comme un feu rouge (de colère) signifiant "Arrêtez, je peux m'énerver" ou "stop, je ressens les tourments de l'ire à votre endroit". Bonheur : vous pouvez la rédiger vous-même, sans posséder de diplôme particulier qui conférerait une authenticité d'état à ce cri écrit. Pour arrondir vos fins de mois, vous pouvez même bidouiller votre missive (prix coûtant : une feuille de papier, un poil d'encre, un recommandé postal et une vingtaine de minutes de votre précieux temps) puis la facturer quarante euros à votre destinataire. Si vous êtes un gros malin, recommencez l'opération afin de mieux saler la note. L'auteure de ce billet a ainsi reçu facture de deux mises en demeure ajoutées à un avis avant huissier l'enjoignant à régler 97 euros pour cette pressante correspondance. Juteux mais maladroit : multiplier les envois de mises en demeure à une adresse qui n'existe pas, insister malgré les retours d'accusés de non-réception, c'est prendre le risque de finir aux yeux de tous en demeuré de la farce.

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