samedi 21 août 2010

Quota

Par les temps qui courent les quotas ont mauvaise presse. Il y a de quoi. Quoi de plus débile et de plus kafkaïen au sens administrativo-absurde du terme que l'imposition de "quotas" d'expulsions, d'arrestations, de contraventions pour manquement à la réglementation sur l'éclairage des véhicules à deux roues ? Au moins au temps où c'était les quotas de pêche ou les quotas laitiers qui faisaient les pages cinq des journaux, il y avait un aspect vaguement bucolique à l'évocation de ces règles étranges : si je suis un pêcheur canadien je ne dois pas pêcher plus de quinze tonnes de poissons mesurant plus de quinze centimètres, si je suis une vache limousine je ne dois pas produire plus de vingt-deux litres dans toute période de quarante-huit heures consécutives...
Et le quota des chansons en français sur les radios libres ! Cette trouvaille géniale adoptée par le gouvernement de l'époque - juste au moment où de toutes façons la plupart des gens commençaient à en avoir marre des chansons en anglais - a surtout réussi à donner la migraine aux programmateurs de radios "communautaires", c'est à dire s'adressant à d'autres communautés que la majoritaire en ce beau pays de merde. Franchement 60% de salsa francophone sur Latina, ça le faisait plus trop....
Et puis, a-t-on idée de se donner comme quota la rédaction d'un billet de blog par jour ? Et si on n'a pas envie, hein ?

vendredi 20 août 2010

Chèque (éducation)

Sorte de masque théâtral mimant l'expression d'un personnage animé du souci social d'Éducation pour tous, dans une société où les impôts financeraient enfin d'autres choses que la si inutile gratuité scolaire. Effet garanti sur scène : 

Le chèque éducation s'adressant à tous
- Ô peuple, tu auras les moyens de choisir l'école de tes enfants, grâce à ce bon d'une valeur de deux fois le montant minimal autorisé par l'union européenne. A toi de jouer !
Le chèque éducation quitte la scène d'un pas aérien. On découvre un homme assis devant son ordinateur.
Gudule consultant son solde bancaire sur Internet
- Diantre ! Mon salaire entier est passé dans le règlement de la dernière facture EDF, que faire ?
Loute en voix off, depuis la cuisine
- Chéri, tu sais bien qu'il est de notre devoir de citoyen de financer les investissements à l'étranger des entreprises françaises. Allons, arrête de râler et cherche plutôt une autre école pour le petit car nous ne pourrons plus payer l'actuelle.
Gudule tapant "école discount" sur Google
- Tiens, Lideulschool propose un forfait trimestre à 120 euros. Mais tu crois pas qu'il va faire la tête ? Ca fait trois fois qu'il quitte ses copains cette année, la dernière fois bonjour la crise...
Loute s'approchant, un torchon à la main
- Il comprendra très bien, plus tard. Et puis j'ai lu que c'était bénéfique de varier les contextes d'apprentissage dès le CP...



Obsolescence programmée

D'abord vint le silex taillé, puis l'invention du feu, de la roue, la conquête du bronze, du fer, l'agriculture, la vapeur, l'électricité, la pénicilline... Eh oui l'être humain a, mine de rien trouvé bien des astuces passablement astucieuses pour profiter de son environnement en se la coulant un peu plus douce. Bon, je vous vois venir, avec tout ça est aussi venu son cortège de guerre, d'exploitation, de destruction de l'environnement. Certes, certes. Mais aujourd'hui je voudrais pointer un doigt accusateur vers un autre aspect de ce que le progrès a pu avoir de régressif. J'ai nommé l'idée géniale consistant à fabriquer des bidules spécialement conçus pour devenir inutilisables à brève échéance. Même dans ce domaine d'ailleurs, l'ingéniosité humaine a trouvé à s'employer, puisqu'après avoir commencé à simplement fabriquer des engins peu solides, difficiles à réparer, demandant des pièces détachées introuvables, l'on s'est mis à développer de nouveaux articles destinés à être supplantés par des nouveaux nouveaux articles, dans un mouvement d'inexorable ascension laissant sur le carreau pléthore d'inventions désuètes. Dois-je mentionner le bipeur ? Le vidéodisque ? Le lecteur de disquette ? Le modem 56k ? Non, non, non, je ne dis pas qu'il n'y a pas de sens à mettre au rebut un dispositif qui a réellement fait son temps - perso je ne découpe pas ma viande au silex - mais un moyen par exemple de laisser les gens attachés à leur bipeur envoyer des textos ça doit pouvoir être possible non ? Non, qu'ils achètent des portables, qu'ils consomment s'ils veulent être dignes de vivre.

jeudi 19 août 2010

Churchill

Un grotesque clown qui occupe une position enviable dans la vie politique française s'est avisé de faire parler de lui en installant dans son fief des statues de personnages célèbres de l'histoire du 20ème siècle. De bonnes âmes se sont émues d'y voir figurer Lénine ou Mao à côté de démocrates comme De Gaulle, Roosevelt ou Churchill. Churchill ? Churchill ??? La carrière de cet amas de racisme et de misogynie est une longue litanie de services rendus à ce que l'impérialisme a de plus rance et de plus vil. Depuis le Soudan, où il participait à l'écrasement de la révolte des indigènes, se flattant d'avoir lui-même tué trois "sauvages" jusqu'au massacre de masse de la population civile de Dresde, en passant par le charmant écrasement de la révolte arabe en Irak en 1920 avec l'usage d'armes chimiques, le maintien du joug colonial sur l'Inde, et l'envoi de troupes en Russie histoire d'affamer ces sagouins qui s'étaient mis dans la tête de créer une société plus juste.
Et De Gaulle et Roosevelt ne perdent rien pour attendre.

Demeure (mise en)

La mise en demeure est le moyen épistolaire officiel servant à exprimer l'idée que "ça suffit comme ça". Exemples : "Nous vous mettons en demeure de bien vouloir, s'il vous plaît, régler la somme due avant le 21 octobre 1922." (chance de récupérer ses biftons : 80%) ou bien "Hortense, je vous mets en demeure d'accepter mon invitation à un apéro." (taux de réussite probable : 0,8%). Après envoi certifié par service postal et en cas de non réponse du destinataire, deux possibilités : des poursuites peuvent être engagées ou un haussement d'épaules opéré, selon le désir de l'expéditeur. La mise en demeure, c'est donc plutôt sympa ; c'est comme un feu rouge (de colère) signifiant "Arrêtez, je peux m'énerver" ou "stop, je ressens les tourments de l'ire à votre endroit". Bonheur : vous pouvez la rédiger vous-même, sans posséder de diplôme particulier qui conférerait une authenticité d'état à ce cri écrit. Pour arrondir vos fins de mois, vous pouvez même bidouiller votre missive (prix coûtant : une feuille de papier, un poil d'encre, un recommandé postal et une vingtaine de minutes de votre précieux temps) puis la facturer quarante euros à votre destinataire. Si vous êtes un gros malin, recommencez l'opération afin de mieux saler la note. L'auteure de ce billet a ainsi reçu facture de deux mises en demeure ajoutées à un avis avant huissier l'enjoignant à régler 97 euros pour cette pressante correspondance. Juteux mais maladroit : multiplier les envois de mises en demeure à une adresse qui n'existe pas, insister malgré les retours d'accusés de non-réception, c'est prendre le risque de finir aux yeux de tous en demeuré de la farce.

mercredi 18 août 2010

Yoko

Selon le sens commun, Yoko - Ono de son nom - est une sorte de Pandore détruisant tout ce qu'elle approche (exemple : les Beatles). Yoko donc est le maléfice fait femme ou femméfice ayant eu l'outrecuidance de vivre une histoire d'amour avec John Lennon qui n'avait franchement pas besoin de ça. Pauvre John ! Méchante femme ! La suite de l'histoire, vous la connaissez : tout fut de sa faute. Par quelques actes insidieux (s'asseoir à côté de son homme en studio d'enregistrement, donner son avis lorsqu'il le lui demandait etc.), notre Malinche du soleil levant réussit à concrétiser ce qui était sans nul doute son rêve depuis toujours : semer la zizanie entre les Fab Four, encourager son leader à entamer une carrière solo, l'obliger à militer avec elle pour la paix au Vietnam et autres atrocités du genre. Certains fans iront jusqu'à apostropher Lennon dans la rue, lui tapotant le crâne en hurlant "Cynthia était beaucoup mieux ! "pour qu'il revienne à la raison. En vain. Ce dernier préféra rester avec notre brune Sylvidre toujours prête à décocher son avis ce qui, vous en conviendrez, est fatigant de la part d'une femme. Heureusement, certains justiciers internautes passent aujourd'hui courageusement par le canal des commentaires Youtube pour enfin clamer à la face du monde cette vérité trop souvent passée sous silence : une femme de rocker ça reste à la maison et puis c'est tout.

Actualisation du 08-12-2010 : que voilà un bel article sur le sujet.

Index (absence d')



Dans un livre sur oh, je ne sais pas, l'histoire du journal Libération, est-ce que j'ai envie de relire les cinq premiers chapitres pour retrouver la citation de l'article de July délirant sur le notaire de Bruay en Artois ? Absolument pas.

mardi 17 août 2010

Vocabulaire informatique


Ne pas mélanger ses métaphores. Ça a l'air facile a priori. Aussi quand l'informatique a commencé à
se faire une place dans nos quotidiens, une assemblée d'éminents lexicographes aurait pu songer à la question pendant, oh, un quart d'heure toutes les deux semaines, et on aurait sûrement pu échapper à des "bureaux" sur lequel se trouvent des" icônes" (jusque là pourquoi pas ? Ça fait secrétaire chrétien orthodoxe mais bon), des icônes donc qui ouvrent des, euh, "fenêtres" sur le dit bureau ce qui permet de, ouh là, "naviguer" (!) sur, eh bien comment dire, la "toile"....

Corée du Nord

Épouvantail brandi par la droite à chaque mesure sociale proposée par la gauche. La Corée du Nord serait peu ou prou notre destin, notre futur proche inéluctable si nous songions à taxer les salaires des grands patrons, par exemple. " Les 35 heures appliquées à tous, c'est la Corée du Nord !", s'exclama un membre de l'UMP lors d'un débat télévisé sur les grands patrons. Nos services recherchent tout indice d'application des 35 heures en Corée du Nord (liens bienvenus). Nous découvrons en revanche que, dans ce pays menaçant quotidiennement notre quiétude néolibérale, secret de la douceur de vivre à la française, le riz a été renationalisé pour cause de creusement des inégalités concernant son accès durant la période de privatisation de son commerce. Quelqu'un a-t-il des nouvelles de Bertrand Delanoë depuis la remunicipalisation de l'eau à Paris ?

lundi 16 août 2010

Citations

"Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu'à la mort pour que vous ayez le droit de le dire." - Voltaire. N'est-ce pas ? Non.
Le brave homme n'a jamais écrit cette phrase, répétée à foison par tout ce que le medialand français compte d'individus se piquant de Culture™ et souhaitant se placer dans la confortable position de défenseur de la tradition républicaine de liberté d'expression (si il s'agit de dire du mal des musulmans, des roms, des femmes, des gays, etc. bien sûr - car s'il s'agit du droit de critiquer l'action de l'Etat, là curieusement la liberté d'expression trouve beaucoup moins de défenseurs...). Alors pourquoi le citer ? Pourquoi ne pas simplement donner la phrase telle quelle si on est d'accord avec l'idée ? Pour faire genre.
Quand ce n'est pas pour faire genre, ou bien en plus de faire genre, la fausse citation sert à discréditer l'auteur putatif. Tout le monde sait que Lénine, le célèbre dictateur satanique mangeur d'enfants, aimait appeler les naïfs intellos de gauche qui trouvaient que malgré tout, le communisme, c'était pas si con comme idée, des "idiots utiles", n'est-ce pas ? On l'imagine sur son trône en diamants penché sur le dernier article d'Arthur Ransome ou de Romain Rolland, laisser échapper un rire caverneux tandis que Zinoviev et Trotsky à demi nus lui font du vent avec des palmes en murmurant "oui ô grand chef, vraiment des idiots très idiots - et cependant très utiles - ô comme vous avez raison grand chef !". Manque de pot.

Attentifs ensemble

Message de bienvenue aux utilisateurs du métro parisien, destiné à augmenter le taux d'angoisse moyen en aiguisant la trop faible suspicion de ces derniers envers leurs semblables. Profitant d'un cadre fermé où de nombreux hauts-parleurs peuvent être placés de façon à ne rater aucune oreille, la compagnie du métro vous exhorte à rouler des globes oculaires pour débusquer la vingtaine de malfrats qui vous entourent forcément, déguisés en usagers des transports en commun. Il vous est demandé d'agripper votre sac à main cadenassé et de munir vos poches de pièges à doigts afin de décourager les pickpockets qui rôdent ici. Ainsi, si d'aventure votre portefeuille se révèle introuvable suite à un trajet souterrain, c'est bien la preuve que vous êtes coupable (de la désinvolture la plus crasse).

dimanche 15 août 2010

Mariage

Contrat de travail non rémunéré pour femme, habituellement obtenu au cours d'une journée de bizutage.

Navigo

Autrefois pour prendre le métro (à Paris) (en France), il fallait insérer un ticket de métro dans une machine prévue à cet effet. Ou bien un "coupon de carte orange", c'est à dire un autre genre de ticket ayant valeur d'abonnement. (On me dira : "Avant cela il fallait le présenter à un poinçonneur" - on aura raison). Bon, les tickets ont été remplacés par une carte électro-magnétique qui requiert pour être établie toute une démarche administrative destinée à décourager les touristes et à leur faire payer le prix fort. C'est déjà énervant, mais ce qui est encore plus énervant c'est que les propriétés magnétiques de la carte Navigo ont entraîné une partie substantielle de la population parisienne à croire en la possibilité de franchir les portillons du réseau souterrain de transport sans sortir leur fichue carte de leur sac, pour peu qu'elle soit placée stratégiquement, par exemple dans une poche extérieure. Le résultat : de longues scènes ridicules où une personne passe et repasse son sac dans différentes positions sur le lecteur magique dans l'espoir d'autant moins facilement découragé qu'il n'est pas complétement vain.