mercredi 22 septembre 2010

Henné

Substance naturelle qui sert à donner aux cheveux une couleur qui ne l'est pas. Le henné se présente en poudre qu'on arrose d'eau chaude, un peu comme une soupe lyophilisée sauf qu'il faut former une pâte, un peu comme celle à crêpes, et s'en badigeonner généreusement le crâne. Ensuite on attend, la chevelure vrillée dans un turban de boue rouge qui sèche lentement, un peu comme une déjection bovine sous le soleil de septembre.
Étant une technique ancestrale, le henné immobilise le sujet durant  un laps de temps incompatible avec la vie moderne. Le henné suspend le vol du temps du teinté, un peu comme une pause déjeuner obligatoire, une RTT forcée, des congés à prendre avant fin mai ou tout ce qui empêche de ne pas vivre.
Si je vous écris tout ça ce soir, c'est parce qu'il faut bien que j'optimise mon temps ancestral.

lundi 13 septembre 2010

Bouledogues


De toutes, façons, je n'aime pas particulièrement les chiens - mais enfin, c'est vrai que quand on en croise un dans les bonnes conditions, par exemple lors d'une promenade en forêt, courant la langue pendante, le regard fou, la queue frétillante, quand on croise donc un chien dans le même état, on ne peut s'empêcher de ressentir une certaine sympathie pour ces créatures, certes pas très futes-futes, mais qui ont un certain charme simple et honnête.
Mais franchement les bouledogues ! Ils sont moches et ils bavent. Et Churchill était toujours comparé à un bouledogue. En fait, voilà qui est tout à fait adéquat.

jeudi 2 septembre 2010

Aplomb


On peut reprocher toutes sortes de choses aux autorités qui planent loin, loin au-dessus de nos têtes : de présider à un système injuste, de faire fi de leurs propres principes déclarés, de s'enrichir sur le dos du populo, d'avoir mauvais goût en matière vestimentaire et culturelle et même à l'occasion de ne pas dire toute la vérité. A l'occasion s'ajoute la goutte qui fait déborder le vase, la paille qui casse le dos du chameau, la petite phrase qui enfonce bien le clou : oui, on nous prend pour des cons. Ainsi j'apprends hier que trois soldats français ont été blessés en Afghanistan. Dans un premier temps je me réjouis bien sûr de ce coup porté à la domination impérialiste dans ce pays. Voilà pourtant qu'il est précisé que ce sont les tirs d'autres soldats français qui ont touché les blessés. Décidément les nouvelles sont excellentes : l'armée française est tellement incompétente que la résistance afghane n'a même pas besoin de prendre de trop gros risques, il suffit d'attendre que les militaires se tirent eux mêmes des balles dans le pied, s'écrasent les doigts en enfonçant des clous dans le mur, marchent sur des peaux de banane, se coincent le nez dans leur téléphone portable... Fi ! Voilà que ma joie est gâchée par l'explication de l'Etat-major, laquelle consiste en cette observation stupéfiante : "l'enquête n'a révélé aucune erreur individuelle ou collective." Voilà : trois bonshommes se sont retrouvés à l'hôpital, et personne n'y est pour rien, ni le soldat d'en face qui a cru qu'il s'agissait de talibans, car se méprendre sur l'identité d'une personne ne constitue apparemment pas une "erreur", ni la chaîne de commandements qui aurait pu penser que le terrain, la visibilité, les uniformes employés, bref la combinaison de toutes ces circonstances rendaient l'incident probable - cela non plus n'est apparemment pas une erreur... Les soldats français se tirent les uns sur les autres, mais c'est compatible avec un fonctionnement parfait de l'institution - et on nous explique qu'il n'y a eu d'erreur nulle part, ce qui montre sans doute aussi l'impeccabilité du système d'investigation interne de l'armée, ainsi que l'irréprochable mécanisme de responsabilisation démocratique des forces armées. Ah, mais j'oubliais certaines précisions cruciales : "Les soldats touchés, affirme l'EMA, étaient équipés d'EBI (éléments de balisage individuels) et de "bipeurs" émettant un flash infrarouge. Problème : à 800 mètres, celui-ci n'est pas détectable, et les caméras thermiques, qui ne détectent que les différences de chaleur, ne le voient pas." Un "problème" qui ne saurait cependant causer la moindre erreur, apparemment.

mercredi 1 septembre 2010

Densité


Je ne suis pas du genre malthusien. Il pourrait y avoir 12 ou 24 milliards d'êtres humains que ce serait aussi bien - et l'idée suivant laquelle la planète ne suffirait pas à nourrir tout le monde ne tient pas la route deux secondes. En revanche, franchement, il y a quelque chose à revoir dans la répartition des populations. Le trottoir parisien ressemble par endroits à l'un de ces jeux vidéos à l'ancienne où il s'agissait de faire éviter à une voiture statique en bas de l'écran le flot de véhicules arrivant à contre-sens depuis le haut (en fait l'idée était que ces véhicules étaient doublés par celui du joueur... mais me vient à l'esprit qu'il ne s'agissait pas à proprement parler de jeu vidéo, mais peut-être plutôt d'un jeu électronique avec des éléments mécaniques ? Voici que je m'égare.).
Amusant à l'occasion, mais bien souvent exagérément prenant.
Suivant les principes dialectiques de la transformation de la quantité en qualité et de la négation de la négation, la chose revêt pourtant un caractère à nouveau ludique quand elle est poussée à un niveau si intense que l'embarras devient absurde. La combinaison d'une densité extrême et d'une tension générale pour aller le plus vite possible afin de ne pas rater son train donne ainsi aux gares de banlieue parisienne aux heures de pointe l'aspect d'un étrange et gigantesque spectacle comique, dans lequel les individus les plus variés dandinent d'un pied de l'autre, zigzaguent, se plantent brusquement, se retournent le regard égaré à la recherche d'un horaire introuvable.